Les réserves du Musée contiennent une accumulation d'objets et de documents encore à l'étude. Nous accordons une importance capitale à la traçabilité et l'authentification des hantiquités avant leur remise éventuelle en activité ; ce qui explique que cette partie du site est en constante remise en question. L'étude de la Khanne dure déjà depuis quelques années et l'exhumation récente d'une caisse de documents liés à la campagne sino-mongole du Surnatéum en 1920-21, nous a permis d'avancer à grands pas dans son analyse. Ce qui a justifié une seconde (et peut-être une troisième) expédition dans ces régions.

La Khanne
Campagne sino-mongole de 1920-21

 
  • La Khanne

Mongolie (XIIIème siècle) aux confins de l'ancien Empire Mongol. Le lieu exact est un des Secrets du Surnatéum.

Une ancienne peinture perse du XVème siècle, montre Genghis Khan au sommet de la montagne sacrée, Bogdo Ul, en invocation à Tengri, l'Eternel Ciel Bleu. À ses pieds, un bâton magique sert de relais entre lui et la divinité, certains experts interprètent parfois cet objet comme un sabre, mais ils ne bénéficient pas de toutes les ressources du Muséum...
Avec la bénédiction de la suprême divinité, toutes les autres forces de l'univers seraient à son service, et Tengri fera de Temudjin le maître du monde et son incarnation terrestre…
Sans l'appui de Tengri, l'invocation d'une divinité guerrière comme le dieu de la guerre, Mahagala, le Dharmapala à six bras, coûterait la santé mentale et la vie de l'invocateur après un temps assez court.
Lorsque Genghis Khan mourut - vers 1227 - , son corps fut enfermé dans 5 cercueils et enterré en un lieu inconnu, au pied de la montagne sacrée, disent certains. Tous les témoins de l'enterrement furent exécutés pour ne jamais révéler le lieu secret.
Un objet mythique devint le symbole de ralliement des tribus mongoles autour de Genghis Khan : une canne en ébène chinois (olokum) cerclée d'un nombre d'anneaux d'argent représentant les tribus fidèles au Khan (mongol signifie argent comme Kin/chinois signifie Or). Une sorte de cube sans coin, symbole taoïste sur lequel sont gravés les mots San-Yeun (Genghis Khan) et Sien-Fong (le plus haut), surmontait l'objet.
Celui qui possédait cette canne pouvait commander aux tribus mongoles, invoquer Tengri et peut-être changer l'histoire.
La Khanne fut précieusement conservée jusqu'à la fin du règne de Koubilaï (Kublai Khan) ; puis disparut mystérieusement. Pour réapparaître en 1920…

 

Les Oracles répétaient inlassablement la même prophétie : une puissance profondément hostile se réveillait à l'est de l'Europe. Un démon oublié de l'ancien monde dont le culte, abandonné depuis trop longtemps, l'avait rendu affamé. Une perversité orientale antique, le Mahagala, assoiffée de sacrifices, liée aux Ordres du Sang, au mystère du Roi du Monde et à l'ancienne Thulé, réunifierait les forces infernales sous la bannière d'un signe ancien. Des civilisations allaient être anéanties dans un bain de sang tel qu'on n'avait jamais osé l'imaginer.
Le Collectionneur se souvenait d'avoir déjà croisé ce symbole, une sorte de croix à rayons, appelée Svastika. Il n'y avait pas assez prêté attention en 1888, durant l'affaire de " Jack the Ripper ", quelques pièces posées devant le corps mutilé d'une prostituée formaient ce signe ; ensuite, une fibule retrouvée dans une tombe pannonienne, la tombe supposée de Ponce Pilate, présentait la même forme et aurait dû lui mettre la puce à l'oreille. Puis, il y avait eu ce dessin sur les murs de la chambre de la défunte Tsarine, à Ekaterinbourg. Et le Tsarévitch avait souffert d'une maladie du sang que le moine Raspoutine s'employait à calmer…
Et maintenant, voilà qu'il réapparaissait en Mongolie, sur la bannière du clan d'un chef de guerre russe du nom de Roman von Ungern-Sternberg, et de celle d'un de ses " amis ", l'Ataman Semenov. Un signe que les gens prenaient pour un dessin porte-bonheur venant d'Asie et portaient comme une mode sur maints colifichets, augmentant la puissance maligne de l'entité qu'elle désignait. Inconscients imbéciles !
Celui qui détenait la clé de la Mongolie pourrait jouer avec le destin de l'humanité.
Il descendit dans la bibliothèque du sous-sol pour consulter les archives du Surnatéum, au sujet d'une autre prophétie mongole rapportée par le Houtouktou, le Bouddha Incarné de Narabanchi auprès d'un honorable correspondant du Musée. Les prophéties de Lehnin et de la grande Dévastation semblaient corroborer l'augure mongol.
" Vers 1890, le Roi du Monde se présenta aux lamas du Temple de la Bénédiction et leur fit une prophétie apocalyptique, annonçant la fin des Empires, une guerre sanglante générale, la destruction du " Croissant " et la montée de trois Empires. Le règne de la corruption la plus totale infecterait le monde jusqu'à l'apparition des peuples de l'Agharta. "
L'Agharta, encore eux ! Ce mythe de la terre creuse dirigée par le Roi du Monde à Shamballah, si les peuples connaissaient la vérité cachée derrière la légende…
Le Bitchigdu tsagan chulun, la prophétie de la Pierre Blanche, annonçant l'arrivée d'un messie blanc durant l'année de la Poule Blanche (1921) allait dans le même sens.
Et voilà qu'un certain Von Ungern-Sternberg, ancien officier russe blanc, surnommé par ses hommes Beg-Tsé, et plus tard " Le Baron Sanglant " ou " le Baron Fou ", entouré de chamans et de magiciens, se sentait le devoir de réincarner l'âme de Genghis Khan, le plus fameux chef de guerre mongol de tous les temps. Mais un certain nombre d'épreuves allait parsemer sa route. Il devrait d'abord libérer le Bogdo-Geghen, Bouddha vivant et aveugle, des mains des chinois. Ce dernier, à la tête de la Mongolie, lui indiquerait le chemin à suivre.
L'invocation de la divinité guerrière, Mahagala, lui apporterait la force et les pouvoirs magiques pour réussir son impossible mission, mais le prix serait exorbitant… (Pour favoriser l'invocation, il devrait consommer une drogue concoctée à partir du venin terrifiant d'une créature quasi-mythique des steppes mongoles, l'Olghoï Khorkhoï. Un poison plus foudroyant que celui de mille scorpions.)
La possession de la Khanne, le bâton invocatoire de Genghis Khan, lui offrirait la possibilité de ne pas payer le tribut exigé par le Dharmapala à six bras. Mais cela, il ne le savait pas encore !
Pour réussir la première épreuve, il devait s'emparer d'Ourga, cela laissait un peu de temps. Seul le Bouddha vivant pouvait lui donner l'accès à la relique. Et les Oracles ne prévoyaient pas cette libération avant le début l'année 1921. Et le Collectionneur gardait encore quelques bonnes relations en Chine, souvenirs d'un voyage antérieur…
Une expédition fut mise sur pied pour s'emparer de cette relique avant le général russe. Deux groupes d'Explorateurs du Musée furent dépêchés dans le Sin-Kiang, en Mongolie Intérieure et Extérieure et aux confins de la Chine à la recherche de la Khanne. Deux groupes différents disperseraient les éventuels " poursuivants " et les brouilleraient les pistes des passages secrets vers Shamballah. Parmi les équipes, des ingénieurs des mines tenteraient de détecter les entrées cachées vers l'Agharta. Qui plus est, sous le couvert d'expéditions " minières ", certaines fouilles seraient facilement camouflées ou justifiées. Un terton du nom de Kao accompagnait le groupe. Contact fut pris avec un correspondant du Surnatéum à Pékin (Beijing) qui établit les relations avec les sociétés secrètes chinoises Hung (rouge) et Chin (vert), et certaines compagnies minières dans le pays.
Heureusement, le Baron Fou fut pris de vitesse, car une petite équipe entraînée se déplace plus vite qu'une armée !
Une récente expédition nous a ramené les anciens grimoires magiques mongols renfermant les rituels, et un équipement de chaman bouriate contenant les poisons et les drogues nécessaires à la transe de réincarnation. Au cas où…

Notes :

  • Sous Genghis Khan, la capitale de l'empire mongol était Karakorum. Puis, sous le règne de Kubilai, Pékin (Beijing) fut choisi. Il était normal pour l'équipe du Surnatéum de commencer les recherches par cette ville.
  • Deux groupes d'explorateurs du musée, nommés respectivement des noms de Code Khanne et Vitriol (Ce qui n'est pas sans rappeler le précepte alchimique V.I.T.R.I.O.L. (Visit Interior Terrae Rectificando Invenies Occultum Lapidem ; visite l'intérieur de la terre, en rectifiant tu trouveras la pierre cachée.) Une équipe d'intendance et un groupe mobile très souple accompagné d'un terton parcourront la Chine pendant près de deux ans. On ne se promène pas en Chine en 1920, sans de solides relations avec les sociétés secrètes de type Hung et Chin, et les compagnies locales. A ce propos, un ingénieur de la Kailan Mining Administration à Tongshou fut une des connexions de l'équipe en Chine. Des contacts avec la société secrète des Lances Rouges furent assez fructueux. Le Collectionneur ayant quelques actions dans des compagnies chinoises se verrait plus facilement ouvrir certaines portes.
  • Le pistolet de tueur de monstres sera du voyage, mais rien ne laisse supposer qu'il en fut fait usage. Un individu incarnant une entité comme le Mahagala est notoirement invulnérable aux balles " normales " ; ce qui fut le cas du baron. Roman von Ungern Sternberg fut jugé par un tribunal bolchevique le 15 septembre 1921 et exécuté le jour même. Les équipes retournèrent à Pékin, avant de rentrer en Europe. (Source d'information sur l'exécution : Le Baron Ungern ; Léonid Youzèfovitch, édition des Syrtes à Paris)
  • Dans les réserves du musée, nous avons retrouvé quelques ossements fossiles de mammouth et de rhinocéros laineux ramenés des pérégrinations de nos équipes en Chine et dans le désert de Gobi. L'année suivant le périple, l'américain Roy Chapman Andrews organisera sa première expédition dans ce même désert du Gobi à la recherche de fossiles de dinosaures.
  • Un oracle Shang ou " dent de Dragon ", utilisé en pharmacopée chinoise, fut acheté à Pékin à la même période. Une légende concernant les restes mythiques d'un dragon cachés dans la cité interdite, éveilla également l'attention de nos explorateurs. Mais sans aboutir à aucun résultat concret, il aurait pu s'agir des restes d'un dinosaurien, quoique…
  • Les explorateurs du groupe Vitriol ramenèrent également un fragment de Pierre Chintamani taillée en forme de hache.
  • Agharta ou Agharti : Univers souterrain où se trouve le roi du monde, capitale : Shamballah. Cette prédiction fut rapportée plus tard (partiellement) par Ferdinand Ossendowski dans son livre " Bêtes, Hommes et Dieux ". Tout et n'importe quoi a été raconté sur cet univers lié à l'idée de la terre creuse.
  • Bogdo Geghen, Bogd Khaan, Houtouktou: Divers noms donnés au huitième Bouddha Vivant Réincarné, autorité suprême de la Mongolie emprisonné par les chinois, en 1920-21. Rendu aveugle par l'alcool et vraisemblablement la syphilis, il décèdera en 1924 ; les chinois interdiront alors la réincarnation…