Baguettes et batons magiques

Au début, il y a deux hominidés. Un gros costaud mais pas très futé et un petit malin. Oui, oui, comme dans les caricatures ! Ils sont en desous d'un arbre couvert de fruits savoureux, mais trop hauts placés que pour être atteints. Le gros bête a tout essayé, secouer l'arbre, l'arracher et même de lancer le petit malin, rien n'y fait, les fruits sont trop haut. Pendant ce temps, le petit se réveille de son k.o. (Etre lancé contre un tronc ne fait pas que du bien !) Il regarde l'arbre et voit les morceaux de branches qui parsèment le sol. Il prend une tige longue et robuste, demande au gros de le porter plutôt que de le projeter dans les airs ; et à l'aide de son bâton, cueille les fruits qu'il peut maintenant atteindre. Au début, le gros et le petit partagent les fruits, jusqu'au jour ou le gros prend un gros bâton, assomme le petit et décrète que l'arbre lui appartient. Il finit par transformer le bâton en hache, démoli l'arbre, bouffe tous les fruits tout seul, et termine en crevant de faim, car plus rien ne pousse sur un arbre mort. Il a copié le petit malin sans comprendre le pourquoi de chaque chose. C'est pourquoi les deux s'associent et forment la première société humaine. Mais dans le fond, le gros n'aime pas le petit, et l'autre s'en fout. Le gros moldu ne deviendra jamais malin, mais lui pourrait devenir plus fort...
La baguette magique est non seulement le symbole du magicien, mais surtout son instrument de travail principal. Le type de baguette qu'emploie le " sorcier " le définit parfaitement et devient une projection de lui-même.
Le bâton fut certainement le premier objet qui différencia l'homme de la bête. Bâton de marche, de lancer ou de fouille, arme ou perche, il devint l'instrument par lequel l'être humain pouvait commander aux forces de la nature. Et si le sceptre, la massue, devint le symbole de l'autorité royale, le bâton ou la baguette devinrent ceux de la caste des magiciens.
Élevée vers les cieux ou dirigée vers le sol, la baguette en appelle aux dieux et commande aux forces infernales. Le magicien se place entre les hommes et les dieux, comme Hermès/Mercure, le messager.
Les traces d'usages de bâtons magiques fourmillent dans la Bible. L'histoire la plus connue est certainement celle de la lutte qui opposa Moïse et Aaron aux magiciens d'Égypte (*1) à la cour de Pharaon, racontée dans l'Ancien Testament. Leurs bâtons se transformant en serpents pour lutter les uns contre les autres, le serpent d'Aaron finit par vaincre ceux des mages égyptiens, prophétisant la victoire de son peuple.
Serpent qui se retrouve enroulé autour de l'Arbre du Jardin d'Eden, pour offrir à Eve le fruit de la connaissance du bien et du mal. Serpents que l'on retrouve sur le caducée d'Hermès, dieu des voleurs, magiciens et marchands, le Grand Trickster en personne. Dans la mythologie romaine, le caducée de Mercure se transforme pour se retrouver affublé de deux ailes et d'un globe. (*2) Dans la mythologie grecque, il reçoit cette baguette d'or d'Apollon lui-même ; ce bâton lui donnant les pouvoirs de sagesse, prophétie et guérison. Ce bâton se retrouvera entre les mains d'Esculape, dieu des médecins.


Dans les ruines du cimetière des tombes royales d'Ur en Chaldée, des figurines représentant Ninshoubar, le messager des dieux, ancêtre d'Hermès/Mercure, ont été trouvées tenant en main droite une baguette. (3500-2500 ACN)

Il existe un très ancien sceau akkadien représentant un homme assis tenant un caducée en mains. (2350-2025 ACN)
Les dieux Baal de Phénicie, et les divinités égyptiennes Thot, Bastet et Horus partagent le même symbole.

Rappelons également que les premiers chrétiens considéraient le Christ comme un magicien, la plus ancienne représentation de Jésus le décrit manipulant une baguette magique. Une fresque découverte dans les catacombes de la Chapelle de Saint Calliste le montre tenant une baguette magique en main droite lors de la résurrection de Lazare. Le même thème se retrouve représenté sur une assiette en or datant du quatrième siècle, exposée dans la bibliothèque vaticane. Quand on vous disait que l'Eglise cache des choses...
Nous passerons rapidement sur les baguettes et bâtons utilisés par les druides en l'honneur de Bacchus, ceux des chamans traditionnels dont le Surnatéum se targue de posséder quelques superbes exemplaires et ceux des magiciens traditionnels de la Golden Dawn qui nous intéressent moins.
La baguette se retrouve dans les mains de magiciens chinois depuis plus de 2000 ans, aussi bien que dans celles de leurs collègues hindous.

Le Surnatéum possède dans ses réserves secrètes une assez jolie collection de baguettes magiques dont nous vous livrons ici quelques exemples. L'école WitZar commande toujours ses baguettes de magie chez Ollivander's Fine Magic Wands à Diagon Alley, Londres (A perfect selection for Wizards and Witches). La boîte de la photo contenait le modèle se lèguant de Collectionneur à Collectionneur depuis plus d'une centaine d'années. Cette rarissime baguette en if, argent et pointe en or, fut un temps la propriété d'un kabbaliste du début du dix-neuvième siècle. Elle servait autant à lire les écrits magiques, sans subir les malédictions attachées aux lectures interdites, qu'à jeter les sorts habituels.
Outre la baguette de Charme du matériel de Quidditch, le Surnatéum possède deux baguettes de lecture de la même période (ivoire et cuivre), originellement destinées à lire la Torah. Elles fonctionnent très bien pour le même usage que leurs grandes soeurs. Quoique moins efficaces pour les sorts habituels, elles permettent d'envoûter (ou d'enfayter, d'après Pierre Dubois) très efficacement de petits objets et conviennent merveilleusement pour le travail de précision.
La boîte de magie, présentée ailleurs dans ce site, contient le premier modèle de baguette bipolaire, en ébène et ivoire avec incrustations de nacre, créée et utilisée par Jean Eugène Robert-Houdin au début du dix-neuvième siècle. La bipolarité indique la nature double des magies proposées par l'artiste.
La grande baguette en ébène et ivoire, présentée demontée en deux parties, est un cas particulier de baguette de direction d'orchestre, ensorcelée pour un chef d'orchestre de type A. Elle n'a pas d'autre fonction que celle de transporter un groupe dans le sens où le chef d'orchestre le désire.
Parfois, ces bâtons servent à la " découverte " de sources et de mines, ils sont alors de forme fourchue.
Le Surnatéum et WitZar possèdent, entre autres, dans leurs collections secrètes, le bâton de commandement de Genghis Khan permettant d'invoquer l'esprit de ce dernier, mais cela est une autre histoire, comme nous vous le disons parfois...


Tout étudiant de WitZar doit avoir sa propre baguette magique. Celle-ci se transmet de magicien à magicien, comme la baguette du Collectionneur ; mais elle peut également être taillée sur mesure.
Dans ce cas, la taille idéale est celle de la longueur de l'avant-bras, quoique des exceptions existent. Quant au bois ou au matériau utilisé, quelques conseils pratiques ne sont pas à négliger :

  • Le coudrier est utilisé par les sourciers et dans les charmes lunaires. Il s'utilise en magie défensive contre ceux qui cherchent des noises.
  • Le bouleau s'emploie pour créer un cercle de protection efficace (dans les transports en commun, par exemple), et pour les sorts d'endormissement. Rappelez-vous cette comptine enfantine: " Bouleau, métro, dodo ".
  • Le frêne fait de bonnes baguettes, un peu lentes dans leur mode d'action, mais idéales pour les magiciens trop pressés d'arriver à un résultat.
  • Le peuplier est essentiellement utilisé par les sorciers car il sert à la magie noire. Nous pensons qu'il faut être un peu tordu pour s'en servir.
  • Le saule fait d'excellentes baguettes souples, encore en usage dans nos campagnes pour enrichir la terre et faire pleuvoir.
  • Le chêne, druidique, facilite les sorts d'attachement et de retour d'affection. En magie obscure, il sert à séparer les amants. " Le chêne ôte fidelité " est un adage connue des sorciers noirs.
  • L'amandier fournit les baguettes dites " de punition ". Pour contrer les sorts lancés et les renvoyer à leurs expéditeurs. La Brigade de Contrôle des sorts l'emploie pour punir les sorciers de leurs infractions dans le monde des moldus.
  • Les bois rares sont employés dans la fabrication des baguettes de maîtres sorciers, et fréquemment combinés à des métaux précieux. Un peu de sang de dragon (sanguis draconis) ou de licorne (sanguis monoceronis) augmente singulièrement leurs pouvoirs.
  • L'ivoire clair est idéal pour de bonnes baguettes de lecture, pour la divination et pour les sorts d'invisibilité. Il est alors mêlé à du cuivre, de l'argent ou de l'or.


(*1) : Une ancienne tradition juive les appelles " Jannes et Jambres " ; Artapanus leur donne comme lieu d'origine la ville de Memphis. (Non, pas celle du Tennessee, Elvis !)
(*2) : Une première balle de Quidditch ?