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Inv.SAH/mc-82133
A I 8
« Les Larmes d’Ombre »
Divers fragments de photo et de morceaux de tombe,
Italie 2003 : trouvés par Fay
Description :
Fragments de photo funéraire représentant Maria Capuccini,
3 lettres/chiffre de bronze désignant les symboles A-I-8. placés
dans une boîte en bois (XIXème siècle avec représentation
d’angelots), fleurs séchées et fleur en verre de
Murano (contemporaine.) Le tout est recouvert d’une voilette de
deuil en fil de soie.
Témoignages de Fay, Mary et du Conservateur.
- Témoignage de Fay (12 ans) : « Drôles
de vacances en Italie »
Je suis en vacances avec mes parents et il fait très chaud, depuis
quelques jours je dors très mal.
Une nuit d’orage, j’avais très peur, maman vint me
rassurer plusieurs fois et à la dernière fois je vis une
dame aux longs cheveux noirs avec une longue robe de nuit. Elle avait
l’air malade et se tenait debout devant ma porte.
Le lendemain matin, je vis au loin un cimetière que j’ai
voulu aller voir. Nous sommes allés le voir, j’ai fait
le tour du cimetière et j’ai trouvé 2 lettres et
1 chiffre : A I 8.
Ensuite, maman trouva une photo (brisée en 3) de femme près
d’une pierre tombale où le nom de « Maria Capuccini
» apparaissait et, un peu plus bas, le nom de son petit garçon
« Umberto », tous les deux morts de la peste en 1918.
Je l’ai montré à papa et nous avons décidé
de lui ramener des fleurs.
Après notre visite, un violent orage éclata et ce soir-là,
j’ai enfin pu dormir.
- Témoignage de Mary : « Séjour à
Desenzano », près du lac de Lucone.
Temps chaud et lourd, vacances très agréables…
Sauf la nuit, Fay n’aime pas sa chambre et parle souvent dans
ses rêves. J’essaye de la rassurer, mais en vain, elle parle
alors d’une vision de femme aux longs cheveux apparue près
de sa chambre…
Un orage… oppression…
Excédés nous nous levons et découvrons de la terrasse
la vallée…
Au loin, près du Lac de Garde, un bâtiment semble être
illuminé de centaines de petites lumières… Un cimetière
(cimetero de San Pietro de Lucone).
Dès le lendemain, nous décidons de nous y rendre.
En chemin, Fay cueille un beau bouquet de fleurs des champs.
Au cimetière, nous découvrons une photo funéraire
brisée en 3, près d’une stèle au nom de Maria
Capuccini et de son fils, morts en 1918 de la peste (Morbo).
Outre de nombreux clous de cercueils, nous trouvons également
3 mystérieuses lettres de métal : A I et 8.
Fay dépose son bouquet de fleurs avec émotion aux pieds
de la stèle.
Le soir même, brisant la chaleur étouffante, un orage éclata
de nouveau…
Fay dormit enfin paisiblement. Le lendemain, le temps fut maussade mais
beaucoup plus supportable… Seul le cimetero brilla étrangement
ce soir-là !
Epilogue…
Le lendemain du terrible orage qui a déchiré le ciel durant
toute la nuit… Fay décida de repartir en balade dans les
champs.
Vu le temps frais, nous décidâmes de bifurquer et de nous
éloigner du « cimetero ». Nous nous dirigeâmes
vers Basia…
Mais mal nous en a pris. Fay fut violemment attaquée par une
guêpe. Un long serpent noir détala sous nos yeux et nous
fûmes attaquées par un essaim de mouches…
Dégoûtées, nous retournâmes vers le paisible
cimetero et là… sur la face nord de la stèle de
Maria Capuccini, je découvris une inscription que j’avais
ignorée jusque là :
« Io vivo felice con Dio e vi aspetto in Paradisio”
Puis, nous retournâmes vers l’église de San Pietro
de Lucone et, ô surprise, pour une fois elle était grande
ouverte et ses belles peintures du XVème siècle s’offraient
à nos regards médusés !
Parmi les fresques murales se trouvaient de superbes « Vierges
à l’enfant »… Mais dans l’église,
on s’affairait ; un spectacle se préparait et, en sortant,
une jeune femme souriante nous offrit une invitation pour un spectacle
de théâtre italien…
Merci Maria Capuccini et que tous les enfants Capuccini se reposent
en paix !
- Témoignage du Conservateur : « A I 8 »
Castrezone, pas loin de Desenzano.
Le lieu est idéal pour passer de tranquilles vacances, mais cette
nuit, Fay hurle tout haut « Non, Umberto, je ne veux pas jouer,
laisse-moi tranquille ! ». Elle va finir par réveiller
Mary et les voisins. Elle est parfois sujette à des cauchemars
et de petites crises de somnambulisme. Mon intuition me dit qu’il
y a autre chose.
Elle se lève et court vers notre chambre en disant qu’elle
a vu passer une femme aux cheveux noirs. Mary essaye de la calmer et
arrive à la remettre au lit. Mary et moi allons ensuite prendre
le frais sur la terrasse. Il y a de l’orage en l’air et
le petit cimetière en contrebas dans la vallée, est illuminé.
Feux follets ou éclairage ?
Le lendemain, nous partons en promenade jusqu’au « cimetero
». J’ai comme une intuition et je demande à Fay de
composer un petit bouquet de fleurs des champs.
Nous entrons dans le cimetière. C’est un petit espace avec
quelques tombes anciennes au sol, et des tombes murales, un peu plus
récentes.
Après avoir fait un tour, Fay se dirige vers une stèle
presque illisible. En chemin, nous entendons un petit tintement, un
objet vient de tomber d’une tombe murale à côté
de Fay. Elle se penche et nous apercevons 3 « lettres »
de bronze tombées d’une inscription murale, et qui forment
« A I 8 » au sol. Une de ces lettres vient de se détacher,
attirant notre attention. Je note la disposition (vieille habitude de
Conservateur habitué à enregistrer toute manifestation
inhabituelle). Fay se dirige vers la stèle qui l’avait
attirée et Mary remarque une photo de tombe brisée en
3 au pied du monument funéraire. Impossible de les remettre en
place, l’arceau de métal qui enserrait l’image est
complètement rongé.
Au lieu de les jeter dans une poubelle proche, Mary ramasse les morceaux
et les conserve soigneusement. A ce moment, et bien qu’il fasse
une température d’environ 35° C au soleil, je ressens
une impression de froid intense qui me traverse et perçois une
sorte de cri muet et désespéré. Je comprend alors
le sens de A I 8 dans un éclair « A-I-otto » (Otto
: 8 en italien) : AIUTO, au secours ! Une impression de tristesse infinie
accompagne la longue plainte.
Je demande à Fay de poser son bouquet au pied de la stèle,
en échange des fragments de photo.
A l’instant où Fay pose ses fleurs, la sensation de froid
disparaît et la chaleur nous rattrape. Fay et Mary ne semblent
pas avoir perçu cette sensation.
Mary et moi tentons de déchiffrer l’inscription sur la
pierre : « Maria Capuccini, 1890 -+ 25 nov 1918.
Angiollo Umberto Capuccini + 28 nov. 1918
da epidemico morbo lasciando nel dolore il marito (che) consternato
di tanta perdita pose questoricordo il loro angiolitto Umberto Capuccini
di soli dieci precedeva la madre 28 nov 1918 »
(Il peut y avoir l’une ou l’autre erreur de retranscription,
la stèle étant très abîmée).
Maria Capuccini, décédée à l’âge
de 28 ans de la peste (la grippe espagnole qui tua 21 millions de personnes
en Europe à cette période) après avoir donné
le jour à un petit Umberto qui suivit sa mère 3 jours
plus tard.
Sa longue plainte de désespoir hante le petit cimetière.
Une petite enquête sur place indique que d’autres enfants
de la famille Capuccini sont morts en bas âge, comme si une sorte
de malédiction frappait la famille depuis ce moment. Une autre
jeune fille de la famille est également décédée
à l’âge de 28 ans. On dirait presque que l’ombre
de la pauvre mère a entraîné auprès d’elle
ses descendants.
Le soir même, un orage d’une intensité rare éclate,
comme si toutes les larmes retenues depuis presque 85 ans se déversaient
enfin. Fay a retrouvé un sommeil paisible.
J’ai promis au fantôme de Maria que je n’oublierais
pas sa mémoire et, si un jour vous vous promenez aux environs
du lac de Garde, faites un détour par le petit cimetière
de Lucone et posez un bouquet de fleurs des champs au pied de la stèle.
En entrant dans le cimetière, prenez l’allée qui
se trouve en face de l’entrée, c’est la dernière
stèle à votre gauche. Même si vous n’êtes
pas croyant, ayez une pensée émue pour Maria et Umberto,
et une petite prière pour leur repos ne fera jamais de mal à
personne.
Notes : A propos d’une possible malédiction
Une première interprétation de A I 8 m’avait fait
penser à Anno 18, mais cette idée fut vite abandonnée.
Le I pouvant passer pour un 1 romain.
D’autres Capuccini sont décédés en bas âge,
une durée d’environ 16 (2 X 8) ans sépare chaque
décès, et le nombre 8 semble jouer un rôle déterminant
dans cette histoire :
- Anita Capuccini : 10/04/32 +10/08/32
- Giovanni Capuccini : 31/01/43 +25/09/48
- Georgio Capuccini : 06/01/64 +09/01/64
- Barbara Capuccini : 21/07/72 +19/11/2000 (à 28 ans, le même
âge que Maria)
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