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Inv.
SAH/ss-18007
Le septième objet
Objet acquis par le Conservateur
en octobre 1993
Origine : Bruges (Belgique) ; matériaux divers
Description
Ensemble de pièces " spirites " ayant appartenu à
Célia Cassave. Contient entre autre une main de Cléopâtre,
six reliques magiques acquises en différents lieux de la planète
et divers objets personnels
Dossier : Historique de l'objet et de l'expérimentation
tentée au sein du Surnatéum
C'est à Bruges le 15 mars 1907 dans une famille plus qu'aisée
que naquirent les surs Cassaves.
Alice et Célia, de vraies jumelles, développèrent
assez rapidement un don étrange, une forme de communication non
verbale, de télépathie qui les reliait quelle que fut
la distance les séparant.
Lorsque l'une choisissait un jouet, l'autre s'amusait avec un objet
identique; lorsque Célia se faisait mal, Alice pleurait; lorsqu'une
des petites filles dessinait un motif quelconque sur une petite ardoise
d'école, l'autre traçait le même mais à l'envers.
Elles semblaient ne faire qu'une seule et même entité dans
deux corps différents.
Ce phénomène attira comme un aimant de nombreux visiteurs
férus d'occultisme, des pseudo-scientifiques pétris d'alchimie,
des spirites convaincus ou tout simplement des esprits curieux souvent
trop envahissants...
Hélas, leur succès ne dura pas longtemps, car au jour
anniversaire de leurs 11 ans, les petites filles coururent essayer de
nouveaux patins sur les canaux gelés de la ville. Et la fragile
pellicule de glace céda, entraînant Alice dans les profondeurs
boueuses du canal. On ne retrouva jamais le corps.
Célia devint folle de chagrin et décida de consacrer sa
vie à tenter de communiquer à nouveau avec sa sur
au travers du mur infranchissable de la mort. Sans succès.
Dans sa vingtième année, un oncle spirite lui expliqua
que pour pouvoir rejoindre Alice au travers du Grand Vide, elle aurait
à rassembler sept objets provenant de divers endroits au monde.
Au-delà de cette quête des objets, elle devait à
s'imprégner de la manière dont différents penseurs
dans différentes civilisations pensent et conçoivent la
mort. Son voyage initiatique allait durer toute sa vie.
Et elle partit en chasse.
A Paris, elle acheta un jeu de cartes divinatoires de madame Lenormand,
célèbre voyante de la révolution française.
A ce jeu était lié une clé, symbole du passage
et du moyen d'ouvrir la porte entre les mondes. Le jeu lui-même
servant d'alphabet entre le vivant et l'esprit consulté.
Un ami alchimiste lui offrit une broche en forme de cur, dans
laquelle un griffon combat une chimère. La réalité
face à l'illusion. Une mise en garde pour celui ou celle qui
s'aventure dans ces territoires crépusculaires...
Ce petit Guéridon en bois sur lequel se pose ce crâne en
ivoire, miniature du 17ème siècle, est la représentation
du lieu où le vivant affronte la camarde.
Au Mali, où elle passa quelques années de son existence
à étudier les rites funéraires Dogons et Bambaras,
elle exhuma cette pierre Kissi.
Datant du XVIè siècle, elle est taillée à
l'effigie d'un ancêtre fameux, parfois un sorcier ou un puissant
guérisseur, et enterrée dans un champ. Celui ou celle
qui la retrouve peut demander de l'aide à l'esprit du défunt;
et pour aller chercher une âme précise, le spirite doit
faire appel à un guide de l'au-delà.
C'est au cours d'un périple au Tibet, où elle étudia
les mystères du Bardö Tödol qu'elle reçut cette
pièce de monnaie qui, placée dans la main ou la bouche
du défunt paie son passage dans l'au-delà.
En Egypte, un prêtre copte versé dans l'étude du
Livre des Morts, et qui fut son guide dans les nécropoles royales,
lui glissa dans ses bagages cette curieuse langue de momie en or. Rarissime
antiquité, elle permettait à l'âme à se défendre
lors de sa pesée devant Osiris et les 42 juges, appelée
psychostasie. Objet interdit, sorti en fraude du pays...
Mais c'est moi qui lui prêta le septième objet.
Cette main de Cléopâtre est une sorte de petit jouet qui
permet de prendre des décisions de manière aléatoire
en la faisant tourner. Il s'agit également d'un gant dans lequel
un immatériel pourrait glisser sa main pour indiquer ses décisions
ou ses choix.
Comme Célia était déjà fort avancée
en âge lorsque je la rencontrai, je lui offris cet objet à
la condition qu'il me revienne lorsqu'elle ne l'utiliserait plus.
Un jour d'octobre 1993, je reçus un coffret qui contenait l'ensemble
des trésors de la vieille dame et une lettre qui disait simplement:
"Souviens-toi."
Célia avait passé l'ultime frontière, un sourire
aux lèvres.
Depuis, lorsque par de froides nuits d'automne, j'évoque l'âme
des surs Cassaves en me concentrant sur l'un ou l'autre des précieux
souvenirs de Célia, il m'arrive d'avoir la sensation d'une présence.
Elle se manifeste au travers de la main de Cléopâtre et
des ardoises spirites qui se trouvaient dans la boite.
Un soir cependant, lorsque je posai la question de savoir qui Célia
avait rencontré de l'autre côté du miroir, un mot
s'inscrivit à l'envers sur un des petits tableaux noirs:
Alice
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