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Inv.
SDE/sa-99540
Orishas
Dossier : Rapport d'expérience sur le théâtre
magique réalisée dans le Temple Secret du Surnatéum,
le 9/9/1994
Les tambours avaient fini de résonner, et le silence qui suivit
n'en était pas moins chargé d'une tension toute particulière.
Nous entourions le Chaman, assis en demi-cercle en face de lui, et attendions
la suite de l'expérience. Une mise en activation du Théâtre
Magique.
Quoique blanc, il avait été initié à l'art
magique en Afrique puis en Europe, où il avait finalement réussit
à maîtriser la difficile technique de la transe consciente.
" Pas question d'utiliser une drogue quelconque " avait-il
ajouté, " vous ne pourriez pas vraiment profiter du voyage.
"
Après une discussion passionnante sur l'usage de l'illusionnisme
dans les techniques du chamanisme, il s'était proposé
de nous faire tenter l'expérience: Il allait réaliser
un acte théâtral d'illusionnisme, afin de mettre en rupture
notre système rationnel; et de nous préparer au véritable
acte magique de la transe introspective.
Les techniques étaient liées au vodun Yorouba/Fon et réadaptées
aux Enquêteurs du Muséum.
En jouant avec les très anciens tambours, qu'il nous avait prêtés
avant le spectacle proprement dit, nous avions déjà éliminé
nos différences, et effacé nos tensions quotidiennes.
Nous étions donc par terre, sur le sol du temple secret du Surnatéum
recouvert de tapis, à l'écoute de ce qui allait suivre
Cela promettait d'être inhabituel!
Eshou:
Le Chaman était assis sur une natte de tissu, entouré
de ses bols à fétiches, de divers objets divinatoires,
d'instruments de musique et, de quelques pièces de monnaies nigériennes.
Dans la lumière tamisée, éclairés par quelques
bougies, l'atmosphère ainsi créée ne laissait aucune
place à l'improvisation, nous nous retrouvions réellement
ailleurs et autrement.
Après avoir appelé les esprits de la terre, de l'eau,
du feu, et de l'air, ainsi que ceux de son tambour, il s'empara de quelques
pièces de monnaies qui traînaient au sol, et les éleva
vers le ciel. Il marmonna une incantation à Eshou, le "
trickster " des mythes Yoroubas, lui enjoignant de ne pas perturber
la séance. Quand il abaissa sa main, l'argent avait disparu
Orishas:
Il plaça ensuite en face de lui un superbe plateau divinatoire
de babalawo, appelé " Opon ", et huit cauris ( coquillages
).
Il invita une jeune fille de notre groupe à s'asseoir en face
de lui. Il lui présenta une liste des Dieux Yoroubas.
" Le terme Dieux, en Afrique, n'a pas la même connotation
que dans nos traditions, " ajouta-t-il, " il est plus proche
du sens d'harmonie, de rythme. Cette liste comporte une série
de nom de Divinités africaines, d'Orisha. Je voudrais que vous
vous connectiez à l'un d'eux. Retenez son nom, ainsi que la fonction
qu'il occupe. Ne prononcez pas son nom, vous seule devez l'évoquer.
"
Il lui demanda de lancer quatre des cauris sur l'Opon. Ces coquillages,
dans les mythes Yoroubas représentent les yeux d'Ifa; ils peuvent
être ouverts où fermés, en fonction du coté
qu'ils exposent lorsqu'ils tombent sur le plateau.
Après les avoir lancés, trois étaient tombés
dans un sens, et un dans l'autre. Le chaman les disposa en carré,
et posa à côté de chacun d'eux un second cauri orienté
de la même manière.
" Quand j'aurai le dos tourné, " Ajouta-t-il, "
vous retournerez un coquillage par lettre du nom du Dieu que vous invoquez,
à partir du cauri du coin inférieur gauche et dans le
sens des aiguilles d'une montre. "
Il nous tourna le dos, et la fille déplaça cinq cauris.
Le Chaman nous refit face, balaya les cauris du plateau, couvrit ce
dernier de farine (Iyéré okun) et, au moyen de noix de
palme, détermina rapidement une série de marques qu'il
traça dans la farine.
" Vous avez évoqué Ogoun, le dieu du fer. "
Dit-il, " Il va vous aider à triompher de vos ennemis, la
balance de la justice penchera en votre faveur
"
Il continua ainsi pendant quelques minutes. La jeune Sensitive n'en
revenait pas et confirmait ses affirmations.
Opele:
" En son nom, je vais vous offrir un petit objet magique. "
Il posa une petite bourse de tissu fermée devant la jeune fille.
" Mais pour qu'il soit vôtre, il faut que parmi les huit
objets que je pose devant vous, le sort vous accorde le même.
"
Il prit une chaîne de cuivre, et nous conta l'histoire de la chaîne,
et du mythe de la création. L'aventure d'Odoudoua, d'Eshou, et
du caméléon; de la bourse magique de la création
et des cinq objets qu'elle contient.
Au moyen d'un jeu de chaîne, que je ne décrirai pas ici,
une amulette fut choisie: une dent de léopard. Le sort seul semblait
avoir déterminé cet objet.
Nous fûmes sidérés de constater que la bourse contenait
une amulette similaire.
" Les Dieux sont avec vous. " Dit-il en souriant. " Il
s'agirait de les remercier
"
Pidan:
" La divinité à laquelle je suis lié est Shango,
le tonnerre, la foudre. Pidan est la façon de le remercier, l'auto-sacrifice.
"
Là, il fit trois choses que je décrirai rapidement. Il
se perça la langue d'une longue aiguille; se lava les mains dans
un acide très concentré; et plia une lame de rasoir en
pressant du pouce et de l'index sur les bords effilés.
Aucun de nous n'eut envie de l'imiter, bien qu'il nous le proposa.
Il conclut cette séance par une bénédiction chamanique.
Tambours:
Nous pensions que la soirée était terminée, et
ne savions plus trop quoi penser.
Lorsque les tambours se remirent à battre. Machinalement, nous
avons replongé dans le rythme, et à ce moment, la magie,
la vraie, nous transporta dans un autre univers
Le Conservateur ne s'en est jamais remis !
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