Inv.DD/mg-31754
Main de Gloire

Origine anglo-saxonne, acquise par le Surnatéum à Londres en 1920
Récemment restaurée et soclée.

La Main de Gloire, une amulette plutôt inquiétante, possède la réputation de rendre son propriétaire invisible et de paralyser ceux qui regardent sa lumière. Fort prisée des voleurs et cambrioleurs, quelques rares exemplaires trainent encore dans des musées.
Celle du Surnatéum fut acquise à Londres, dans les années 20's.
Le nom de Main de Gloire dériverait du mot " Mandaglore ", lui-même tiré de la Mandragore, cette racine magique fort prisée par les occultistes des siècles précédents.
Le modèle du Surnatéum comporte cinq chandelles, une pour chaque doigt. La tradition veut que dans ce cas, si la chandelle du pouce ne s'allume pas, c'est que l'une des personnes visées par le sort de fascination ne se laissera pas atteindre et fera capturer le voleur. Dans ce cas, le cambrioleur évite prudemment la maison. Pour contrer le sort d'une Main de Gloire, la légende veut que l'on jette du lait pour éteindre les chandelles.

Thomas Ingoldsby (1788-1845) écrit dans ses " Légendes d'Ingoldsby " , le vers suivant :

Wherever that terrible light shall burn,
Vainly the sleeper may toss and turn;
His leaden eyes shall he ne'r unclose
So long as that magical taper glows,
Life and treasure shall he command
Who knoweth the charm of the glorious Hand.

Le passage ci-dessous, en rimes, est également tiré des "Légendes d'Ingoldsby", la version de R.H. Barham's (1840).

"On the lone bleak moor, At the midnight hour,
Beneath the Gallows Tree,
Hand in Hand, The Murderers stand,
By one, by two, by three,
Now mount who list, And close by the wrist,
Sever me quickly, the Dead Man's fist,
Now climb who dare, Where he swings in air,
And pluck me five locks of the Dead Man's Hair!"


Pour fabriquer une Main de Gloire, d'après l'édition de 1826 du " Dictionnaire Infernal " de Collin de Plancy, voici comment s'y prendre:
" Cette main de gloire est la main d'un pendu, qu'on prépare de la sorte : on l'enveloppe dans un morceau de drap mortuaire, en la pressant bien, pour lui faire rendre le peu de sang qui pourrait y être resté ; puis on la met dans un vase de terre, avec du sel, du salpêtre, du zimat et du poivre long, le tout bien pulvérisé. On la laisse dans ce pot l'espace de quinze jours ; après quoi on l'expose au grand soleil de la canicule, jusqu'à ce qu'elle soit bien desséchée ; et si le soleil ne suffit pas, on la met dans un four chauffé avec de la fougère et de la verveine.
On compose ensuite une espèce de chandelle, avec de la graisse de pendu, de la cire vierge, du sésame de Laponie ; et on se sert de la main de gloire comme d'un chandelier pour tenir cette merveilleuse chandelle allumée. Dans tous les lieux où l'on va avec ce funeste instrument, ceux qui y sont demeurent immobiles, et ne peuvent plus remuer que s'ils étaient morts. "

Le " Petit Albert " ajoute que la mèche doit être tressée à partir des mèches de cheveux du propriétaire de la main.

Collin de Plancy ajoute que le fait qu'on ne pend plus autant qu'avant, rend la fabrication de ces mains difficile de nos jours. Il ajoute la légende suivante :
" Deux magiciens, étant venus voler dans un cabaret, pour y voler, demandèrent à passer la nuit auprès du feu ; ce qu'ils obtinrent. Lorsque tout le monde fut couché, la servante, qui se défiait de la mine patibulaire des deux voyageurs, alla regarder par un trou de la porte, pour voir ce qu'ils faisaient. Elle vit qu'ils arrachaient d'un sac la main d'un corps mort, qu'ils en oignaient les doigts de je ne sais quel onguent, et les allumaient, à l'exception d'un seul qu'il ne purent allumer, quelques efforts qu'ils fissent ; et cela, parce que, comme elle le comprit, il n'y avait qu'elle des gens de la maison qui ne dormit point ; car les autres doigts étaient allumés, pour plonger dans le plus profond sommeil ceux qui étaient déjà endormis. Elle alla aussitôt à son maître pour l'éveiller, mais elle ne put en venir à bout, non plus que les autres personnes du logis, qu'après avoir éteint les doigts allumés, pendant que les deux voleurs commençaient à faire leur coup, dans une chambre voisine. Les deux magiciens se voyant découverts, s'enfuirent au plus vite et on ne les vit plus.
Les voleurs ne peuvent se servir de la main de gloire, quand on a eu la précaution de frotter le seuil de la porte, avec un onguent, composé de fiel de chat noir, de graisse de poule blanche, et de sang de chouette ; lequel onguent doit être fait dans la canicule. "
Bonjour l'odeur !

La Main de Gloire du Surnatéum ouvre assez aisément les cadenas de coffre, mais moins facilement les portes des bâtiments, du moins celles du Muséum. Notre Muséum d'Histoire Surnaturelle est protégé par des sorts infiniment pires que tout ce que vous pouvez imaginer. La dernière fois qu'un visiteur indélicat a commis un petit larcin au Muséum, non seulement l'objet revint au Surnatéum dans les deux jours mais une partie de la famille du voleur fut décimée. Ces sorts de protection expliquent peut-être le mauvais fonctionnement de la Main de Gloire dans l'enceinte du Muséum.